
Il s'agit d'une exposition d'art contemporain. Par des Palestiniens. À un moment où leurs voix, leur terre, leur culture et leurs vies sont anéanties. Une époque où la langue, les voix et la liberté de ceux qui parlent du génocide, de l’occupation, de l’apartheid sont confisquées. Si cette réalité peut être niée par la distorsion des médias et l’indifférence politique, ou délibérément ignorée par peur, ou réglementée hors de vue par une manipulation de mauvaise foi, alors notre liberté d’expression est perdue. Il n’a jamais été aussi important d’appeler un chat un chat, de ne pas se laisser influencer par les euphémismes, la violence sémantique et le double langage qui cherchent à faire taire un peuple.
L’art est le premier à tomber et le dernier à mourir sous l’assaut de la liberté d’expression. Ces artistes persistent, creusant, explorant sans relâche leur médium, livrant de nouveaux affects, de nouvelles façons de voir, de nouveaux angles et dimensions d'une réalité que d'autres réduisent sans cesse, jusqu'à la mort. L’Occupation connaît la puissance de la culture. C'est pourquoi il cible et tue les artistes et les éducateurs. N'oublions pas cela en visitant cette exposition d'Art dans cette Université.
Mais ces œuvres résistent et tendent, par leur qualité extraordinaire et dans leur grande diversité, au-delà de leur contexte, vers une universalité qui se démantèle bombe par bombe, mensonge par mensonge, peur par peur. Rien ne remplace leur singularité.
« Il y a une affinité fondamentale entre l’œuvre d’art et l’acte de résistance » disait le philosophe français Gilles Deleuze. Soit. Mais ces œuvres… La résistance est la matière même dont elles sont faites. Ils ne parlent pas. Ils ne cherchent pas à nous convaincre de quoi que ce soit. Il s’agit d’une lutte matérielle pour donner un sens à une expérience au-delà des mots. Ils nous frappent et nous obligent à réfléchir à nouveau. D’un seul regard, ils coupent à travers la masse du discours humain qui nous aveugle. Nous les autres, nous avons besoin d'eux. Nous avons besoin que leurs résistances nous inspirent les nôtres, puisque nous avons oublié comment résister.
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Nick Millett
(12/02/2025)